Marcel Carné

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Jacques Prévert, portrait d’une vie

« Marcel Carné est motivé par l’envie de réaliser un cinquième film à partir d’un scénario de Jacques Prévert. Il souhaite également diriger l’acteur Alain Cuny qu’il a remarqué au Théâtre de l’Atelier alors qu’il jouait Orphée dans Eurydice de Jean Anouilh : « Il avait une très belle voix, grave, prenante. Son seul défaut était un débit assez lent, comme s’il s’écoutait parler, joint à un accent chantant sur certaines fins de phrases ». Carné lui fait passer des essais pour le rôle du musicien de Juliette et la Clé des songes (abandonné à cette époque). Enfin, le réalisateur est excédé par les interdits de Vichy et par la censure qui sévit en France. Repliée sous le couvercle de l’Occupation, la production cinématographique se doit en effet d’être intemporelle si bien que les auteurs ne peuvent être des témoins de leur époque, à moins qu’ils ne le fassent en teintant le tout de propagande. D’un commun accord, il est donc décidé de s’évader dans un autre siècle et/ou un autre genre pour conserver une entière indépendance. Carné et Prévert songent d’abord à reprendre un projet qui est en gestation depuis 1940 mais dont l’entrée en guerre du pays avait sonné le glas : Le Chat botté de Perrault, dans lequel le chat devait être interprété par Maurice Baquet. Trauner avait même commencé à réaliser des maquettes, reprises pour Les Visiteurs du soir. C’est finalement l’évasion dans le Moyen Âge qui sera la solution de rechange adoptée pour se donner la liberté d’aller à contre-courant. »

 

 

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Pourtant, le film pourrait bien être en lien beaucoup plus étroit avec l’actualité de l’époque, contrairement à ce que pouvait laisser croire cet apparent refuge dans le passé. Danièle Gasiglia-Laster a bien montré les rapports de ce film avec son temps : la date donnée dès le début du film (1485) nous donne, si on l’inverse, 5 août 41… Quant à la fin du film — le cœur des deux amants changés en statues continuant à battre — il est très éclairant de la mettre en parallèle avec un poème de Prévert écrit plusieurs années plus tôt, La Crosse en l’air (1936) : « où il avait déjà utilisé cette métaphore du cœur que rien ne peut détruire pour évoquer la résistance à Franco. Ce cœur, c’était « le cœur de la révolution », ce cœur écrivait-il, « que rien…personne ne peut empêcher d’abattre ceux qui veulent l’empêcher de battre… de se battre… de battre. »4

Dans le contexte de l’Occupation, les spectateurs avertis ont saisi la parabole de la guerre, le baron Hugues représentant Pétain, son château le régime de Vichy et le diable, les Allemands ; les deux amants, statufiés à la fin (mais dont les cœurs battent toujours) renverraient à la Résistance.

 D’après Michel Trihoreau, la musique, attribuée à Maurice Thiriet au générique du film, aurait été composée en collaboration avec Joseph Kosma : « Kosma compose, comme d’habitude, une mélodie au piano, pour Le Tendre et Dangereux Visage de l’amour et Démons et Merveilles. Les partitions apportées par Carné sont travaillées par Maurice Thiriet qui fait les orchestrations, les arrangements, et qui compose lui-même la Complainte de Gilles. Le génie de Kosma et le talent de Thiriet aboutissent à une création 1. ».

Dans une étude détaillée5, le journaliste et archiviste Philippe Morisson écrit : « Joseph Kosma n’a (semble-t-il) pas composé les deux ballades des Visiteurs du soir contrairement à ce que j’ai pu moi-même affirmer »   « Joseph Kosma ne revendique la paternité que de la deuxième ballade du film à savoir Le Tendre et Dangereux Visage de l’amour. À aucun moment dans ses archives il ne parle de Démons et merveilles qui lui est souvent attribué. » ; et plus loin encore, « Joseph Kosma se trouve au démarrage des projets des deux films ([Les Visiteurs et Les Enfants du paradis]). Pour Les Visiteurs du soir, il compose au piano une première musique pour les deux premières ballades, [...] l’une était une valse américaine (Démons et merveilles) et l’autre un blues (Le Tendre et Dangereux Visage de l’amour) mais elles n’auraient pas été retenues dans la version finale du film. »

 

 

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 LES PORTES DE LA NUIT FILM COMPLET 1946

 

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