L’amour de l’impossible
Figure chérie de l’art sacré, Marie Madeleine est aussi singulièrement méconnue. D’abord, parce qu’on peine parfois à l’identifier: est-elle Marie de Magdala, Marie l’Égyptienne, Marie, soeur de Marthe et de Lazare? Ensuite, parce que sa légende et son rôle ont été diversement interprétés au fil des siècles. Mais cette héroïne biblique à la fois faillible et élue, pécheresse avant que d’être sauvée, n’en reste pas moins proche des fidèles. Beauté du corps et beauté de l’âme sont réunies dans cette sainte qui, depuis bien longtemps, a franchi le seuil de la religion pour investir le champ des arts et des lettres – champ auquel Religions & Histoire ouvre grand ses pages pour ce dossier exceptionnel, à l’image de Madeleine.
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La célèbre Madeleine à la veilleuse (vers 1640-1645) de Georges de La Tour a inspiré au poète René Char une réflexion subtile et complexe autour de la figure solitaire et mystique de Marie Madeleine. Peinture du XVIIe siècle, surréalisme et poésie se mêlent dans cet exercice de la pensée pour offrir une vision nouvelle de l’héroïne biblique.
Le trousseau de Moulin premier de René Char aux éditions de La Table Ronde. Album unique, qui mêle cartes postales anciennes de L’Isle-sur-Sorgue et poèmes, ce Trousseau de Moulin Premier confectionné par René Char en 1937 porte les traces d’événements extérieurs et intimes. [...] Les sens aiguisés par la souffrance et la lucidité, Char se livre à la rédaction d’une série de vers aphoristiques qui formeront les recueils Moulin Premier, paru en décembre 1936, et Dehors la nuit est gouvernée, publié en 1938. Au regard des cartes postales figure le premier jet du poème «Versions», transformé et remanié plus tard en «Dent prompte». Offert par René Char en juin 1937 à Greta Knutson, ce Trousseau de Moulin Premier augure de leur commune passion, révélée dans le poème lyrique et impétueux «Le Visage nuptial», qui paraîtra en décembre 1938. Marie-Claude Char. titre album: memory house écrit et produit par Max Richter BBC 2002/2009 commune présence » lu par Laurent Terzieff// disques ADES
Albert Camus et de ses pairs, ses frères de route qui l’accompagnèrent parfois quelques pas seulement, d’autres, le temps d’une courte vie, et avec lesquels l’amitié fut d’autant plus miraculeuse que leur verbe, leur pensée et leur silhouette étaient on ne peut plus dissemblables.
Aujourd’hui, nous laissons la parole à deux hommes Albert Camus et René Char qui, au sortir de la guerre et de la Résistance, se sont lentement pris d’amitié l’un pour l’autre, une amitié fondée sur l’estime et le respect mutuels, loin des éloges faciles et des jalouses critiques, deux hommes qui ne seraient sans doute pas devenus amis dans un autre contexte que celui-ci, et dont la correspondance témoigne d’une bienveillance et d’une tendresse aussi pudique qu’illimitée.
René Char ne concevait pas que la poésie pût être séparée : séparée de la mémoire des poètes (frères ou ascendants), du dialogue avec les penseurs et philosophes, des échanges avec les arts, de l’action résistante lorsque l’histoire l’impose, du politique exigeant toutes les vigilances. Sur le plan de l’histoire des formes poétiques, il dégagera les apports spécifiques de cette œuvre, qui en font l’une des grandes poétiques du XXe siècle – étendant l’enquête aux rapports aux autres arts, peinture, musique et cinéma. Aux rapports à l’histoire et au politique (à la fois action et réflexion) le champ littéraire, les questions de réception et d’héritage, situant René Char aujourd’hui.




















