Des mots

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J’ai choisi la scène comme on entre en religion. Je dis souvent qu’il y a trois métiers qui se ressemblent : La scène, la religion, la prostitution. Donner de l’amour par amour de l’amour, c’est aussi respectable que n’importe quoi d’autre. Donner du rêve, de l’espoir, faire pleurer ou rire mille personnes par soir, c’est donner de l’amour. Pour moi, c’est ça : je suis sur scène la même qu’avec un homme que j’aime. Ce sont là deux manières de faire l’amour, mais dans lesquelles entre le même don total de moi.

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Il faut écouter son désir et ne jamais le perdre. S’il n’y a plus de désir, il ne faut plus y aller. C’est fini. Et puis, il faut être intransigeant. Et vigilant. Garder le goût de la fête et du partage. Le spectacle, c’est ça, une vraie belle fête. Si on n’a pas ce goût-là, rien n’est possible. Je n’ai pas peur de monter sur scène. J’ai toujours peur de ne pas chanter aussi bien qu’il le faudrait pour ce public à qui je dois le meilleur de moi-même. Je ne me suis jamais sentie belle. Mais la scène embellit. Je ne parle pas des lumières mais des gens, de cet échange d’amour qui transforme tout en quelques instants. Comme un rendez-vous d’amour. Avec l’émerveillement de ne pas savoir ce qui va se passer. Et toujours la crainte qu’au bout de tant d’années, l’autre vous ait oublié.

Je cherche, chaque soir, à m’amuser. Dès le moment où je pose le pied dans la lumière, je me dirige vers mon piano. Alors, je l’espère, commence la fête pour tous. Là sont mes seules certitudes et mon refuge. Je n’en connais pas d’autres. Je suis impudique sur scène parce que je suis pudique dans la vie. Encore que, le fait de le dire soit déjà une impudeur. On trouvais étranges mes mots, mes silences, mon physique, mon comportement. Certains on pensé, et écrit qu’il y avait une grande sophistication dans ma façon de me mouvoir sur scène. Je peux affirmer que je n’ai jamais répété un geste, ni rien dans ma façon de me déplacer ou de chanter. La dernière tournée a été extraordinaire : j’avais à peine le pied sur la scène que les gens, dans la salle, étaient déjà debout…J’en suis sortie dans un grand état de bonheur… Et d’épuisement. Retournée comme un gant. Mais, très vite, après le dernier au revoir, j’ai senti le désir d’écrire.

Je mets des mots sur la musique, parce qu’il le faut. Mais, si c’était possible, je ferais simplement : la, la, la… Je ne peux écrire qu’après une déchirure.

Quand j’écris, je ne pense jamais que c’est moi qui écris, mais que quelqu’un d’autre met les mots à ma place, me les souffle. Et puis, je suis avant tout une interprète et j’ai besoin d’être en accord avec ce que je chante. Ce que j’ai dit, je ne le réécrirai pas différemment. Disons qu’il m’est arrivé d’écrire et que j’en suis la première étonnée. Je crois être plus une femme qui chante. A mes débuts, je n’aurais pas osé poser une plume sur un cahier. Et puis, lorsque vous écrivez, les gens n’osent plus trop écrire pour vous.

Tout vient ensemble, musique et paroles. Je n’écris pas une chanson, je la chante. Je n’ai pas le génie d’imagination de Gainsbourg. Ce n’est pas un hasard si j’ai chanté avant de composer des chansons, si j’ai interprété Brel, Ferré, Brassens, tous ceux qui on de l’humour, une écriture incisive, du tempérament. Je pourrais arrêter d’écrire mais continuer à chanter. L’écriture, c’est un bonheur et une douleur, une difficulté terrible, une étrange exaltation. Mais c’est un bonheur, surtout. Je n’ai aucune discipline, aucun rituel. C’est une chose secrète que je ne peux faire que chez moi, à Précy, rarement le matin. C’est vers dix-huit heures que l’envie me prend. Je rôde autour du piano, une feuille de papier à la main et il peut se passer ( comme pour la garde à vue ) quarante-huit heures sans que je distingue le jour de la nuit, sans que je quitte ma maison.

J’ai toujours du mal à écrire. Si Rémusat m’est venue en deux heures, j’ai bien mis trois ans pour écrire Nantes et dix pour Gauguin. Je déchire et je réécris beaucoup. J’ai mal aux mots, comme on dit. Je n’ai pas l’imaginaire. Je n’écris que comme dans un journal intime. Je n’ai pas d’invention. C’est ce que j’envie tellement à des gens comme Gainsbourg. Moi, je ne sais dire que ce qui m’est arrivé et ça n’a rien d’original : Tout le monde a perdu un père, tout le monde a perdu un amour et en a trouvé un autre. Par exemple, sur le premier disque, la chanson qui a émergé, c’est Pierre. Ce qui prouve bien que tout le monde attend quelqu’un. Encore qu’il se soit trouvé des gens pour me demander :  » Qu’est-ce que vous avez voulu dire avec la la la ? « 

Barbara

 

1960: Elle sort chez Odeon un disque où elle chante Brassens. Ce disque va obtenir le grand prix du disque et un prix d’interpretation.

1961: Felix Marten lui demande d’être la vedette anglaise de son spectacle à Bobino. Elle y chante, s’accompagnant au piano, Brassens, Brel, Moustaki, Vidalin, Aznavour. Elle chante également « Chapeau bas », première chanson qu’elle ait écrite.

1963: G.Sommier l’engage aux « Mardis de la chanson » qu’il vient de créer au Théâtre des Capucines. Louis Hazan (PDG de Philips) lui fait signer son premier et seul contrat discographique. Son premier 33 tours « Barbara chante Barbara » est réalisé.

1964: Georges Brassens décide de chanter trois mois à Bobino et il va intégrer dans ses premières parties de spectacle quatre chanteuses successivement auxquelles il donne une chance: Pia Colombo, Christine Sèvres, Michele Arnaud et Barbara. 15 janvier 1964: Théâtre Pacra accompagnée par Joss Baselli et Pierre Nicolas.

 

1991: Enregistre un livre-cassette « Lettres à un jeune poète » aux editions Claudine Ducaté. Elle commence un travail de collaboration avec Jean-Yves Billet pour la réalisation de son intégrale chez Philips: « Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous ». 1993: En octobre 1993, retour au Châtelet. Ce sera sa dernière rentrée parisienne, encore une fois très bien accueillie. Mais dans les derniers jours de l’année, Barbara annule une demi douzaine de représentations. Sa voix est défaillante. Les concerts au Châtelet ne reprendront pas.

 1981: Hippodrome de Pantin. Y est applaudie par François Mitterrand, nouveau président de la République. Une video sera tournée et réalisé par Guy Job.

1982: Le 22 decembre elle reçoit à l’Opera de Paris le Grand Prix National de la chanson décerné par Jack Lang, ministre de la Culture. Préparation de « Lily Passion » qui va pendant quatre ans sìinscrire, se reécrire avec constament la présence de Gérard Depardieu.

1986: Janvier, « Lily Passion » au Zénith avec Gérard Depardieu. Avec Lily Passion, Gérard Depardieu et Barbara font une grande tournée en France qu’ils terminent en Italie au théâtre de « L’Argentine ». Sortie du livre « Barbara » de Marie Chaix, aux editions Calmann-Levy. 8 juillet: Metropolitan Opera de New York où Mikhail Baryshnikov improvise, pendant qu’elle chante, une chorégraphie sur Pierre, La Cantate et Le mal de vivre.

1987: Châtelet. Crée sur scène la chanson « Sid’amour à mort ». Un video sera tournée par Guy Job.

1988: Japon et Canada. 24 avril: Citation à l’Ordre du Mérite Fédéral allemand pour sa chanson Gottingen.

1990: 6 fevrier spectacle au Théâtre Mogador. Clip de la chanson Gauguin réalisé par Bertrand Fèvre. Tournée en France et au Japon qui se termine en 1991.

 

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Il y a huit ans, je me suis installée à la campagne. Je n’avais jamais vu le soleil se lever. Ou mal. J’avais entendu dire qu’on mettait une graine en terre et qu’il poussait une fleur mais je ne l’avais jamais vu. Je ne savais pas ce que c’était un rouge-gorge. A propos, avez-vous remarqué comme à Paris, le chant des oiseaux est angoissant, au petit matin ?

C’est une maison de curé, une ancienne ferme. De l’extérieur, on a l’impression que tout est fermé, en réalité, tout est ouvert sur l’extérieur. J’ai un jardin, petit, mais très joli. Avec un bouleau, un tilleul, des oiseaux… Avant j’habitais Paris, mais j’avais peur de tous ces gens… Alors, je m’enfermais chez moi. Tandis qu’à la campagne, je regarde les arbres, les graines, les fleurs, la terre. J’ai appris tout ça. J’ai cinq chats, trois chiens.Je m’occupe de ma maison, je reçois des amis. C’est important pour moi qu’ils se sentent bien ici. Je m’assieds dans la terre, là-bas, à planter des graines. Je peux tricoter des jours et des nuits entières.

Je me dis tous les jours, je vous assure que c’est vrai :  » ça, c’est fou d’avoir quelque chose à soi, c’est magique  » Et si tout le monde avait ce jardin, ça changerait bien des choses et c’est une injustice qu’il y en ait qui l’aient et qu’il y en ait d’autres qui ne l’aient pas… Et ce qui est terrible, c’est qu’il y a ceux qui n’y sont pas, qui n’arrivent pas à entrer dans le cercle, ou le cercle ne s’agrandit pas suffisamment, plus exactement, pour qu’ils y entrent. Et ça, c’est terrible ! Il y a des quotidiens terribles. Qu’est-ce qui est difficile à vivre ? C’est le quotidien.

Barbara

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