Génération de 98
- Solitudes (« Soledades ») (1903)
- Champs de Castille (« Campos de Castilla ») (1912)
- Juan de Mairena (1936)
Antonio Cipriano José María Machado Ruiz, plus connu sous le nom dʼAntonio Machado, né le 26 juillet 1875 à Séville (Andalousie) et mort le 22 février 1939 à Collioure (Pyrénées-Orientales, France), est un poète espagnol. Il est l’une des figures du mouvement littéraire espagnol connu sous le nom de Génération de 98. Il mélange la rêverie mélancolique et raffinée à l’inspiration terrienne. Il est le neveu de l’écrivain romantique Agustín Durán.
Antonio Machado est né à Séville un an après son frère Manuel. Sa famille s’installa à Madrid en 1883 et les deux frères rejoignirent l’Institution libre d’enseignement. Durant trois ans, et avec l’encouragement de ses professeurs, Antonio se découvrit une passion pour la littérature. Il perdit son père en 1893, alors qu’il n’avait que 17 ans. Il effectua plusieurs métiers, dont celui d’acteur. En 1899, il se rendit à Paris avec son frère, qui avait obtenu un emploi de traducteur à la maison Garnier. Il entra alors en contact avec les poètes Jean Moréas et Paul Fort, et d’autres figures de la littérature contemporaine, dont Rubén Darío et Oscar Wilde. Ces rencontres confortèrent Machado dans sa décision de devenir lui-même poète.
En 1901, il publia ses premiers poèmes, dans le journal littéraire Electra. Son premier livre de poésies fut publié en 1903 sous le titre Soledades. Une nouvelle édition complétée paraîtra en 1907 sous le titre Soledades. Galerías. Otros Poemas.
La même année, Machado se vit offrir une place de professeur de français à Soria. Il y rencontra Leonor Izquierdo Cuevas, avec laquelle il se maria en 1909. Il avait 34 ans et Leonor 15 seulement. Le couple se rendit de nouveau à Paris en 1911. Pendant l’été cependant, Leonor, atteinte de tuberculose, dut retourner en Espagne où elle mourut le 1er août 1912, quelques semaines après la publication de Campos de Castilla. Très affecté, Machado quitta Soria pour ne jamais y retourner. Il alla vivre à Baeza, dans la Province de Jaén, en Andalousie, où il resta jusqu’en 1919. Une nouvelle édition de Campos de Castilla fut publiée en 1916, incluant des poèmes relatifs à la mort de Leonor.
Entre 1919 et 1931, Machado est professeur de français à Ségovie, plus proche de Madrid où habitait son frère. Les deux frères se rencontrent régulièrement et collaborent dans de nombreuses pièces de théâtre à succès. Il a une histoire secrète avec Pilar Valderrama, une femme mariée, qu’il évoque dans ses poèmes sous le nom de Guiomar. En 1931, il proclame la République à Ségovie, en hissant le drapeau républicain sur l’hôtel de ville de Ségovie au son de La Marseillaise1. Antonio Machado fait aussi preuve de préoccupations philosophiques et incline à l’édification morale. De là viennent des séries d’apophtegmes et de brefs essais qu’il publie à la veille de la Guerre civile d’Espagne sous les noms d’Abel Martín et de Juan de Mairena.
Lorsqu’éclata la Guerre civile d’Espagne, en juillet 1936, Antionio Machado était à Madrid. Il se trouva séparé pour toujours de son frère, qui se trouvait en zone nationaliste. Il mit sa plume au service du parti républicain. Machado fut évacué avec sa mère et son oncle à Valence, puis en 1938 à Barcelone. À la chute de la Seconde République espagnole, ils furent contraints de fuir vers la France. Arrivé à Collioure, à quelques kilomètres de la frontière, épuisé, Antonio Machado y mourut le 22 février 1939, trois jours avant sa mère1.
Antonio Machado est enterré à Collioure, Leonor à Soria.
- en 1960, Louis Aragon lui rend hommage dans Les poètes (plus tard mis en musique et chanté par Jean Ferrat) :
- Machado dort à Collioure
- Trois pas suffirent hors d’Espagne
- Que le ciel pour lui se fît lourd
- Il s’assit dans cette campagne
- Et ferma les yeux pour toujours.
- En 1962, le poète espagnol Ángel González publie dans son recueil Grado elemental un poème lui rendant hommage intitulé Camposanto en Colliure.
- En 1969, l’artiste espagnol Joan Manuel Serrat lui a également dédié l’un de ses albums, intitulé Dedicado a Antonio Machado, poeta, contribuant à la popularisation et à la reconnaissance de l’œuvre du poète.
- À Madrid, le Café Comercial, où Antonio Machado était un habitué, lui a consacré une partie de son espace, l’appelant Rincón de don Antonio (« le coin de monsieur Antonio »).
- En 2014, Serge Pey évoque la tombe d’Antonio Machado dans son livre La boîte aux lettres du cimetière. Entre le 16 et le 31 mai 2014, une marche de la poésie est organisée par le poète Serge Pey, entre l’avenue Antonio Machado de Toulouse et le cimetière de Collioure. CIAM / Chantier d’art provisoire de l’Université Toulouse-Jean Jaurès de Toulouse.
En 1927, il fut élu à l’académie royale espagnole, mais il finit par abandonner le poste.
Principales œuvres
- Soledades (1903)
- Galerías. Otros poemas (1910)
- Campos de Castilla (1912)
- Poesías completas (1917)
- Nuevas canciones (1924)
- Poesías completas (1936)
- Juan de Mairena (1936)
- Noches de Castilla (1938)
Édition française
- Juan de Mairena, traduit de l’espagnol par Marguerite Léon et préfacé par Jean Cassou, Paris, Gallimard « NRF », 1955, 315 pages. Cette édition est la première à inclure la totalité de l’œuvre en prose à caractère philosophique intitulée Juan de Mairena. Dans plusieurs poèmes de l’auteur il est question d’un certain « professeur de rhétorique et de poétique » appelé Juan de Mairena et de son maître Abel Martín ; un peu comme dans le cas du poète portugais Fernando Pessoa, il s’agit d’une sorte d’hétéronyme de Machado lui-même, auquel il attribue des poèmes, des textes, des propos.
- Champs de Castille, Solitudes, Galeries et autres poèmes et Poésies de la guerre, traduits par Sylvie Léger et Bernard Sesé, préface de Claude Esteban, Paris, Gallimard, 1973; Paris, Gallimard, coll. Poésie, 1981.
- De l’essentielle hétérogénéité de l’être, traduit et présenté par Victor Martinez, Paris, Payot & Rivages, coll. Petite Bibliothèque Rivages Poche, no 391, 2003. Il s’agit là d’un volume recueillant les extraits de l’œuvre en prose à caractère philosophique intitulée Juan de Mairena.
- Juan de Mairena. Maximes, mots d’esprit, notes et souvenirs d’un professeur apocryphe, traduit de l’espagnol par Catherine Martin-Gevers, Paris, Anatolia/Éditions du Rocher, 2009, 442 pages.