la Mone… !
« Elle est quand même formidable, la Mone… ! »
« J’ai entendu votre émission sur Radio-Luxembourg à propos de Monique Morelli et de mes chansons… c’est un choc… Je vais entrer (dans sept jours) dans ma 88e année et c’est un bol de vitamines (naturelles) que j’ai bues. » [Lamy J.-C., 2002. Mac Orlan – L’aventurier immobile – p. 213]
C’est dans une lettre datée du 16/02/1969 que Pierre Mac Orlan adresse ces mots élogieux à Max-Pol Fouchet après avoir écouté son émission Journal musical d’un écrivain. Figurant parmi les plus célèbres interprètes des chansons de l’ermite de Saint-Cyr-sur-Morin (77), Monique Morelli, née Monique Dubois le 19/12/1923 à Béthune (62), commune du Pays des Géants, était montée à Paris après d’infructueuses études de Pharmacie. Ayant découvert le milieu du théâtre au Vieux-Colombier avec Henri Rolland puis travaillé au Cirque d’hiver, elle s’était lancée dans la chanson à la fin des années 1940, sur les conseils de Sacha Guitry qui avait eu l’occasion de l’entendre. Son répertoire réaliste, inscrit dans la lignée d’Aristide Bruant, de Damia et de Fréhel (rencontrée dans un estaminet de la rue Mouffetard et à qui elle avait consacré son premier disque en 1957: Hommage à Fréhel – Columbia FSX 125), l’avait d’abord fait connaître aux Escarpes, au Grand Jeu, à l’Aligot, à La Rose Rouge, puis au Saint-Yves. Morelli avait ensuite entamé le circuit des cabarets de la Butte.
Devenue la « Muse de Montmartre », elle s’était mise à fréquenter des personnalités du monde littéraire telles que Louis Aragon, Marcel Aymé (avec qui elle jouait à la belote au restaurant Le Canari, sis au 28 de la rue Tholozé), Pierre Mac Orlan… A ce dernier, elle allait souvent rendre visite à Saint-Cyr-sur-Morin (77), où elle venait se ressourcer, prenant pension à l’auberge La Moderne. La chanteuse en profitait pour pratiquer occasionnellement l’équitation à Reuil-en-Brie. Mac Orlan lui avait écrit La fille des bois et nombre d’autres textes que l’accordéoniste et compositeur Charles dit Lino Leonardi mettait en musique. Dès 1958, le musicien natif de Borgo Val di Taro accompagnait sur scène celle qui est devenue sa moitié. Morelli se détournait du style réaliste pour chanter des poètes tels que Louis Aragon, Francis Carco, Jean Clamecy, Tristan Corbière, Gaston Couté, Katia Granoff, Nâzım Hikmet, Pierre Mac Orlan, Jehan-Rictus, Pierre de Ronsard, Pierre Seghers, Paul Verlaine, François Villon…
En témoignent plusieurs disques 25 cm comme Chansons d’Aragon (LD-M-4212), Chansons de Carco (LD-M-4228) et Monique Morelli chante et dit Jehan-Rictus (Les soliloques du pauvre)/Gaston Couté (La chanson d’un gars qu’a mal tourné) (LDZ-M 4280), tous trois parus chez Le Chant du Monde respectivement en 1961, 1962 et 1963. Mais attardons-nous sur Chansons de Mac Orlan (LD-M-4242), sorti lui aussi au Chant du Monde en 1962.
Merci à Pierre Poma, à Noëlle Rain et collaborateurs(-trices) du Musée départemental des Pays de Seine-et-Marne, aux membres de la Société d’Histoire et d’Archéologie Le Vieux Montmartre, ainsi qu’à Jean-Pierre Fassbender, Christian Mela et Pierre Schuller (Auprès de son Arbre) pour leur collaboration à la rédaction de cet article. (extraits)

Georges Brassens, Pierre Mac Orlan et Monique Morelli à La Moderne (1968) © Musée départemental des Pays de Seine-et-Marne

















